Les pistolets Beretta 92 : Un succès mondial
L’origine du Beretta 92
En 1975, la célèbre firme italienne Beretta acheva le développement de l’arme de poing qui sera son plus grand succès commercial : le Beretta 92. Il est l’évolution directe du Modello 1951, lui-même inspiré des pistolets Walther P38 pour la mécanique et Beretta 34 pour l’aspect visuel.
Le modèle 92 fait partie de la première génération de pistolets modernes dits « Wonder Nine » pour les anglophones : C’est-à-dire les pistolets semi-automatiques chambrés en 9×19 parabellum, dotés d’un chargeur grande capacité en double colonne, ainsi que d’une détente double action pour le premier tir (DA/SA). La carcasse est composée en alliage d’aluminium et la glissière en acier afin de combiner légèreté et robustesse. Une fois la production lancée en 1976, le Beretta 92 équipa dans un premier temps la police et les forces armées italiennes : Celui-ci répondait à leurs exigences en matière de sécurité, de fiabilité et de puissance de feu.
Comment fonctionne le Beretta 92 ?
Comme évoqué précédemment, le mécanisme du modèle 92 est repris du Walther P38 allemand, fonctionnant sur le principe de court recul du canon en utilisant un système de verrouillage du bloc tombant. Après le tir, la pression développée par les gaz de combustion fait reculer l’ensemble culasse / canon. Après un court instant, le bloc de verrouillage s’abaisse et libère la culasse qui recule alors que le canon s’arrête contre la carcasse. La culasse, au cours de son mouvement vers l’arrière, extrait et éjecte l’étui de la cartouche tirée, arme le chien et comprime le ressort récupérateur. Poussée par le ressort de récupérateur, la culasse se déplace vers l’avant et approvisionne une nouvelle cartouche du chargeur dans la chambre, et le verrouillage canon / culasse est rétabli. La culasse reste ouverte lorsque la dernière cartouche a été tirée et éjectée.
Ce mode de fonctionnement est fait pour encaisser la pression exercée par la 9×19, contrairement au Beretta Modello 34 qui fonctionnait simplement par retour de gaz de la munition 9×17 (également appelée 9mm court).
L’arme est également très sûre grâce à la sécurité automatique du percuteur : si la queue de détente n’est pas complètement tirée en arrière, un dispositif de blocage assure le percuteur et l’empêche de se déplacer vers l’avant. Quant à la sécurité manuelle à l’arrière de la glissière, elle sépare le percuteur du chien, abaisse le chien lorsqu’il est armé (de-cocker), et interrompt la connexion entre la détente et la gâchette.
Autre avantage, le démontage est jeu d’enfant ! Après avoir vérifié que l’arme est déchargée, il suffit simplement retenir la glissière en arrière, presser le bouton à droite près de la bouche du canon puis abaisser le levier du côté gauche. Ainsi, en abaissant l’arrêtoir de culasse, tout l’ensemble glissière – canon pourra se séparer de la carcasse vers l’avant. Il ne reste plus qu’à enlever le ressort récupérateur (faites bien attention à le tenir) et à retirer le canon.
L’adoption du M9 par les américains
En 1977, l’armée américaine lance un appel d’offre à l’initiative de l’U.S Air Force, pour remplacer le vénérable 1911. Cet appel d’offre XM9 mit en compétition plusieurs fabricants d’arme qui devaient présenter leurs pistolets respectifs, tout en respectant un certain nombre d’exigences :
- Chambré en calibre 9mm OTAN
- Chargeur amovible d’une capacité d’au moins 13 tours
- Bouton poussoir qui éjecte le chargeur sans l’utilisation de la seconde main
- La détente doit fonctionner en double action pour le premier coup tiré, les suivants en simple action
- La glissière doit rester ouverte lorsque le chargeur est vide
- Durabilité de 5000 cartouches avec un maximum de 8 dysfonctionnements
- Système de sécurité ambidextre
- Dispositif de de-cocking
- Blocage du percuteur lorsque le marteau est abaissé
Finalement, le Beretta fut choisi au détriment de ses concurrents : le SSP de Colt, le Modèle 459 de Smith & Wesson, le Hi-Power de Browning, les P9 et VP70 de Heckler & Koch, le P226 de SIG Sauer, le P88 de Walther et le GB de Steyr.
Quelques modifications furent apportées au Beretta avant son adoption définitive. Le modèle 92 FS proposait ainsi un pontet modifié, un canon chromé, le bouton poussoir du chargeur a été déplacé derrière la queue de détente et le revêtement de l’arme a été changé pour du Bruniton. Il s’agit d’une parkérisation (ou phosphatation) avec une couche de téflon par dessus, ce qui offre une résistance exceptionnelle à la corrosion. Le pistolet sera mis en service au sein de l’armée américaine en 1985 sous l’appellation de M9, et fabriqué sous licence Beretta aux Etats-Unis.
Le Beretta 92 au stand de tir : mon avis
Le modèle que je vous présente est le Beretta 92 « Brigadier » made in USA, avec sa glissière lourde renforcée : l’arme est ainsi bien plus robuste que ses homologues, et assure un meilleur confort lors du tir. Le recul est vraiment doux, et plus « gras » que sur un 9mm léger qui va vous claquer sèchement dans la main. La poignée Hogue en caoutchouc est particulièrement appréciable avec ses empruntes de doigts pour une meilleure préhension. Le seul bémol, c’est une arme pour ceux qui ont des grosses mains de G.I (ce qui n’est pas du tout mon cas …).
Il s’agit d’un pistolet particulièrement réputé pour sa fiabilité : En 1200 cartouches tirées, je n’ai jamais eu de dysfonctionnement, et les nombreux « torture test » disponibles sur Youtube pourront vous le confirmer ! Malgré sa détente très lourde à 5,1 Kg en double action et 3 Kg en simple action, le départ est bien net, sans grattage ni backlash (course résiduelle de la queue de détente après le départ du coup). C’est quasiment le seul 9mm avec lequel j’obtiens des résultats corrects en cible, même si je n’aime pas du tout ce calibre. Je préfère largement le .45 ACP !
Veillez à ce qu’il n’y ait pas trop de jeu à l’avant du canon avant d’acheter, vous risqueriez d’être déçu au niveau de la précision. Vous pouvez également envisager l’achat d’une tige guide en acier, une queue de détente en métal strié (ces pièces sont en plastique d’origine) ou d’un kit de ressort récupérateur DPM pour diminuer encore plus le recul. La plateforme Beretta offre de nombreuses options de personnalisation, il faut en profiter !
Malgré sa sécurité manuelle / de-cocker assez mal placée, le Beretta est un excellent pistolet qu’il faut apprendre à dompter, et dont la réputation n’est plus à prouver. J’envisage très sérieusement d’en faire l’acquisition pour du T.A.R !
Quelques variantes
Il existe pas moins d’une trentaine de variantes du Beretta, parmi lesquelles on peut compter la plus récente comme le M9A3 (qui n’a pas été retenu par l’US Army pour succéder au M9), la version très luxueuse « Fusion Black » limitée à 120 exemplaires.
On peut également évoquer le célèbre M93 Raffica des forces spéciales italiennes, fabriqué entre 1979 et 1993. Il dispose d’un frein de bouche, d’une crosse squelette pliante, d’une poignée avant et d’un sélecteur permettant le tir en rafales de 3 coups à une cadence de 1100 cpm.
En plus d’être adopté dans de nombreuses armées dans le monde, certains pays ont fabriqué localement des copies de Beretta : à commencer par la France et son PAMAS G1, le Brésil avec le Taurus PT92, l’Egypte avec le Helwan et l’Irak avec le Tariq, pour n’en citer que quelques uns.
Le Beretta dans la culture populaire
Ce pistolet est presque omniprésent : Que ce soit dans les jeux vidéos, les bandes dessinées ou les mangas. Il apparaît également dans une bonne centaine de films (comme L’Arme Fatale, Die Hard, Terminator ou Matrix) ainsi que dans plus de 600 séries TV et téléfilms. Le Beretta est sans doute l’arme de poing la plus connue (du moins visuellement) même parmi les gens qui connaissent mal les armes à feu. Son look reconnaissable entre mille a traversé des générations de joueurs et de cinéphiles à travers le monde, ce qui explique sa forte popularité dans les stands de tir.